Zombi
Cela faisait un bon moment que je tournais autour des romans de Joyce Carol Oates, sans me décider à en ouvrir un. Il faut dire que son oeuvre est très large, et je n'arrivais surtout pas à choisir lequel de ses romans ouvrir en premier. Jusqu'à ce que je tombe, par hasard, sur Zombi à la bibliothèque. La quatrième de couverture m'a beaucoup intriguée, et j'avais vraiment envie de changer un peu d'univers.
Quatrième de couverture
Il pose bien un peu problème à son professeur de père, et à sa mère – qui l'adore – mais ni l'un ni l'autre ne croient une seconde à l'accusation d'agression sexuelle sur un mineur dont il est l'objet. Il est un cas pour le psychiatre-expert auprès des tribunaux chargé de le suivre, qui se sent néanmoins encouragé par la nature toujours plus positive de ses rêves et sa franchise à en discuter. Il est le plus exquis et le plus attentif des garçons pour sa riche grand-mère de moins en moins capable de lui refuser quoi que ce soit. Il est le plus vrai et le plus abominablement terrifiant des tueurs-psychopathes jamais imaginés dans un roman dont on se demande par instants comment l'auteur a pu trouver les mots pour l'écrire.
Mon avis
Zombi a été pour moi un de ces romans que l'on referme et sur lequel on bloque une dizaine de minutes en se demandant "pourquoi j'ai lu ça ?". Il m'a fallu quelques jours avant de réussir à organiser mes idées et remettre mon esprit à sa place avant d'écrire cette chronique, car l'histoire de Zombi entraîne à une séance de réflexion intense après lecture.
Dès le début du roman, on entre dans les pensées de Quentin P., un trentenaire accusé d'agression sexuelle sur un mineur, qui s'en est sorti avec 2 ans de sursis en plaidant coupable. Pour ses parents, il est impossible que leur fils soit un criminel, et aux yeux de la société, Quentin reste un jeune homme bon sous tous rapports en dehors de sa petite "incartade". Seulement voilà, Quentin P. est un détraqué sexuel comme on en fait peu. Son but ultime : créer un "zombi" qui le vénèrera et répondra à ses fantasmes les plus fous. Pour atteindre son objectif, Quentin enferme ses victimes dans son laboratoire de fortune et tente de les lobotomiser à l'aide d'un pic à glace, mais évidemment il rate son expérience à tous les coups et se retrouve avec des cadavres sur les bras dont il garde des reliques.
Joyce Carol Oates nous place directement à l'intérieur de la tête de ce psycopathe et utilise donc un style d'écriture qui peut s'avérer dérangeant par moments. Les phrases sont très longues et rythmées, si bien que j'ai souvent du reprendre mon souffle afin de poursuivre ma lecture. Le récit est souvent décousu : on alterne entre des tranches de vie très banales (du genre : "ma mère m'a téléphoné pour me prendre un rendez-vous chez le dentiste") et des passages très glauques des fantasmes sexuels et des expériences criminelles du personnage. Dans ce cas, le vocabulaire est cru et les descriptions n'épargnent aucun détail, ce qui peut parfois mettre le lecteur mal à l'aise. Si ce roman me laisse sur une expérience de lecture assez étrange, je ne peux qu'admirer la capacité de Joyce Carol Oates à retranscrire parfaitement les pensées d'un homme mentalement dérangé et la cruauté sans scrupule dont il peut faire preuve. Au niveau technique, je pense que c'est un très bon roman, toutefois je suis restée un peu sur ma faim. A la lecture de la quatrième de couverture, je m'attendais plus à un thriller assez dur, et je m'attendais à plus d'horreur, alors que finalement, les quelques passages glauques ne m'ont pas suffi à susciter en moi le sentiment auquel je m'attendais. Ce n'est pas un roman que je recommanderais forcément, mais j'ai quand même très envie de continuer l'aventure avec cet auteur.
Lecture 4/41