Le Choeur des femmes
Quatrième de couverture
Je m'appelle Jean Atwood. Je suis interne des hôpitaux et major de ma promo. Je me destine à la chirurgie gynécologique. Je vise un poste de chef de clinique dans le meilleur service de France. Mais on m'oblige, au préalable, à passer six mois dans une minuscule unité de "Médecine de la Femme", dirigée par un barbu mal dégrossi qui n'est même pas gynécologue, mais généraliste ! S'il s'imagine que je vais passer six mois à son service, il se trompe lourdement. Qu'est-ce qu'il croit ? Qu'il va m'enseigner mon métier ? J'ai reçu une formation hors pair, je sais tout ce que doit savoir un gynécologue chirurgien pour opérer, réparer et reconstruire le corps féminin. Alors je ne peux pas - et je ne veux pas - perdre mon temps à écoutre des bonnes femmes épancher leur coeur et raconter leur vie. Je ne vois vraiment pas ce qu'elles pourraient m'apprendre.
Mon avis
Je viens tout juste de terminer ce roman, et je sentais qu'il fallait que j'écrive ma chronique tout de suite, pour me rien perdre des impressions que j'ai eues ni des émotions que j'ai ressenties. Pour la petite histoire, j'ai gardé ce livre dans ma PAL presque 2 ans, malgré tout le bien que j'en avais entendu, tout simplement parce que je n'étais pas vraiment motivée par sa taille et que j'avais un peu peur de la façon dont le sujet serait abordé. Finalement, je n'ai pas pu m'arrêter de lire, j'ai été complètement absorbée par le roman, et je pense qu'il fait partie maintenant de mes livres-références, ceux que je recommanderais en première ligne !
Nous partons donc à la rencontre de Jean Atwood, ou Djinn, comme elle se fait souvent appeler, une interne en médecine dont le but est de devenir chirurgienne gynécologique. Djinn possède a priori la panoplie complète des caractéristiques qui nous feront la détester : arrogante, trop sûre d'elle, antipathique et souvent méprisante, elle apparaît comme une anti-héroïne particulièrement agaçante. Et tranquillement, au fil des pages, on assiste à son impressionnante et touchante évolution. Elle qui ne pensait ne rien pouvoir apprendre en dehors du bloc opératoire, et surtout pas de la part de bonnes femmes venues raconter leurs malheurs et leurs problèmes de contraception à un médecin qui ne finit même pas par les examiner, elle se transforme doucement en personne empathique, douce et compréhensive. La personnalité et la façon de procéder du docteur Karma y sont pour beaucoup. C'est simple, Franz Karma est le gynécologue parfait, que toute femme rêverait d'avoir! À travers ce personnage, on sent que l'auteur introduit son point de vue sur différents aspects de la gynécologie, ce qui fait du Choeur des femmes un roman très instructif, en plus d'être profondément touchant. Dans ce texte, j'ai retrouvé un condensé de ce que je pensais et de ce que je ressentais vis à vis de la médecine, et plus particulièrement de la gynécologie, mais j'ai également appris beaucoup de choses, notamment à propos des individus intersexués, et de certaines façons révolutionnaires de procéder à l'examen gynécologique. Bien que ce soit un roman de fiction, on sent une prise de parti très forte et une opinion très marquée, sans pour autant que cela tourne à la propagande. Les situations relatées dans le livre sont certes fictives, mais ce qui est frappant, c'est qu'on reconnaît forcément une amie, une sœur, une collègue, ou carrément soi-même dans plusieurs de ces femmes qui défilent dans le bureau des docteurs Karma et Atwood.
J'ai beaucoup aimé la construction du roman, avec des chapitres courts et un récit entrecoupé de ces anecdotes de femmes, comme des chants, qui viennent ajouter au réalisme de l'histoire et qui justifient très bien le titre du roman. Les termes médicaux sont très bien vulgarisés et les problèmes sociologiques bien expliqués, sans pour autant prendre le lecteur pour un imbécile. C'est un roman qui nous fait traverser tout un panel d'émotions diverses, de la révolte à la compassion, en passant parfois par l'agacement et la joie de voir qu'il existe forcément quelque part des médecins comme le Dr Karma.
Le seul petit bémol que j'ai trouvé au roman, c'est la fin. Les 80 dernières pages se concentrent sur Djinn et sur son histoire personnelle, dont l'auteur a semé quelques indices au fil du récit, et qui trouve son dénouement dans un enchaînement de révélations plus abracadabrantesques les unes que les autres. J'ai trouvé cette suite d'événements assez mélodramatique et irréaliste, ce qui contraste d'ailleurs beaucoup avec tout le réalisme du reste du roman, et j'ai trouvé ça un peu trop gros, et un peu trop tout court pour une seule personne. Mais les 600 pages d'avant sont tellement géniales, que ça n'entache aucunement mon appréciation du roman ;)
Finalement, je pense que je pourrais parler de ce livre pendant des heures, m'arrêter sur chacun des aspects qui m'ont fait réagir, qui m'ont touchée, énervée, ou bouleversée, mais le mieux serait certainement de vous encourager à le lire le plus vite possible ! C'est assurément un livre à mettre entre les mains de toutes les femmes qui se sentent mal informées ou qui veulent en apprendre plus sur leurs droits et sur leur corps, et aux hommes qui veulent mieux comprendre les femmes ;)
Pour aller plus loin : Le site de Martin Winckler, qui regorge d'informations très enrichissantes sur la contraception et la gynécologie
Thème : prénom
Janvier - contemporain